Résumé :

Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.

Je referme le journal d'Irène le cœur lourd. Comme on referme un roman dont on est tombé amoureuse. Un roman ami dont on a du mal à se séparer, parce qu'on veut qu'il reste près de soi, à portée de main.

Mon avis :

Il est des livres sur lesquels on tombe par hasard, qui nous bouleversent et dont on a envie de parler au monde entier. A la page 220, en écoutant Raphaël tout en pleurant toutes les larmes de mon corps, je savais que Changer l'eau des fleurs serait de ceux-là.

Violette Toussaint (puisque les personnages sont tous toujours nommés par leur patronyme entier dans ce livre, sauf les fossoyeurs) est donc née sous X dans les Ardennes, mort-née, mise sur un radiateur pour ressusciter puis placée en famille d'accueil. Elle rencontre son futur mari tôt, tombe enceinte tôt, plonge dans la maternité tout en devenant garde-barrière puis gardienne de cimetière. Elle nous raconte tour à tour sa vie actuelle, ses amis, sa vie d'avant, puis, progressivement, d'autres personnages se greffent pour se raconter et expliquer comment leurs vies s'imbriquent dans celle de Violette.

Le contexte particulier - Violette est gardienne de cimetière ! - apporte une dimension que je n'imaginais pas. Ici, pas de bel appartement dans une ville qui bouge : son quotidien, c'est la mort et ses visiteurs, les voisins sont tous silencieux, la vie de Violette parait calme mais on apprend progressivement que ce que l'on croyait vrai n'était qu'une apparence... Violette cultive des fleurs, un potager, mais également le goût de la lecture et de l'écriture, puisqu'elle note tous les détails des enterrements qui se déroulent dans son cimetière, pour ne pas oublier et aider les absents dans leur deuil.

Chaque chapitre commence avec une épitaphe trouvée dans le cimetière. Certaines semblent "bateau", d'autres plus personnelles, d'autres enfin empruntées à la littérature ou la musique. Valérie Perrin sait capter notre attention en alternant les moments de douceur avec les mystères auxquels on ne s'attendait pas. Je ne dirai pas que ce roman est un page-turner, parce que j'avais envie d'étendre sa lecture le plus longtemps possible pour en profiter, mais il sait nous faire chavirer complètement par des détails. J'ai vraiment aimé son écriture, à la fois dure, cruelle, sans concession, et douce, mélancolique, débordant d'amour et pleine d'espoir.

Par réflexe, j'allume le plafonnier. Je n'allume jamais quand une personne entre chez moi mais lorsqu'elle part. Pour remplacer sa présence par de la lumière.

J'aime la beauté des choses parce que je ne crois pas en la beauté des âmes. J'aime la vie telle qu'elle est aujourd'hui, mais rien ne vaut la vie si ce n'est pour la partager avec un ami.

La vie de Violette commence en Région Grand Est ; aussi, cela résonne forcément en moi. Mais j'ai réussi à parfaitement imaginer son cimetière de Bourgogne, ainsi que le cabanon de Marseille, l'écriture de l'auteure étant ainsi faite qu'elle nous emporte avec elle.

Je peux difficilement en dire plus sans déflorer l'histoire. Simplement, que le thème de la mémoire m'a émue aux larmes et que celui de la bienveillance m'a donné de l'espoir... Ce n'est pas un roman feel good au sens banal du terme, puisqu'il parle beaucoup de deuil, mais c'est un drame du quotidien avec une dimension de courage et de résilience.

Un vrai coup de cœur ♥

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